La France, nouvelle terre promise de la cybersécurité
L'année 2024 marque un tournant dans le secteur de la cybersécurité en France. Face à la multiplication des cyberattaques, les entreprises et les institutions publiques renforcent massivement leurs défenses. Résultat ? Un marché qui explose et des écoles qui peinent à former suffisamment d'experts.
« Nous recevons en moyenne trois offres d’emploi par diplômé », confie Sarah Martinez, directrice des études à l’ENSIBS. Cette école d’ingénieurs bretonne, labellisée par l’ANSSI (Agence Nationale de la Sécurité des Systèmes d’Information), fait figure de référence dans le paysage français de la cybersécurité.
Un secteur sous tension
Les chiffres donnent le vertige : 15 000 postes non pourvus en 2024, des salaires qui grimpent en flèche – jusqu’à 55 000 euros annuels pour un jeune diplômé – et une croissance du marché qui dépasse les 12% par an. « C’est du jamais vu », analyse Jean-Marc Dupont, président du Syndicat des Professionnels de la Cybersécurité (SPCS).
Face à cette demande, les formations s’adaptent et innovent. L’arrivée de CyberSup.IA à Paris illustre parfaitement cette évolution. « Nous avons conçu notre programme autour de l’intelligence artificielle appliquée à la cybersécurité », explique Thomas Chen, son fondateur. « C’est aujourd’hui indispensable pour contrer les nouvelles menaces. »
Course à l’excellence
Dans ce paysage en ébullition, les écoles historiques ne sont pas en reste. L’EPITA renforce sa majeure cybersécurité, tandis que Télécom Paris continue d’attirer les meilleurs étudiants avec son mastère spécialisé. « La force de notre formation réside dans son aspect pratique », souligne Marie Leblanc, responsable pédagogique à l’École 2600, établissement spécialisé qui fait sensation depuis son ouverture.
Les entreprises s’impliquent directement dans la formation. Thales, Orange Cyberdéfense ou encore Atos multiplient les partenariats avec les écoles. « Nous ne pouvons plus nous permettre d’attendre », explique Paul Durand, DRH chez Orange Cyberdéfense. « Nous devons participer activement à la formation de nos futurs collaborateurs. »
Le profil des étudiants évolue également. « Nous voyons arriver de plus en plus de reconversions professionnelles », note François Lambert, directeur de CentraleSupélec. « Des cadres expérimentés qui comprennent l’importance stratégique de la cybersécurité. »
Une question de souveraineté
L’enjeu dépasse largement le cadre économique. Bernard Martin, expert auprès de la Commission Européenne, insiste : « La cybersécurité est devenue une question de souveraineté nationale. Former des experts français est crucial pour protéger nos infrastructures critiques. »
Les salaires reflètent cette urgence. Un pentesteur débutant peut espérer 45 000 euros annuels, un analyste SOC 42 000 euros, et les experts en sécurité IA, nouvelle spécialité très recherchée, démarrent à 50 000 euros. « Ces salaires continuent d’augmenter », confirme Emma Petit, directrice du cabinet de recrutement CyberTalents.
Perspectives d’avenir
Le secteur ne montre aucun signe de ralentissement. Les prévisions annoncent un marché français de 5,5 milliards d’euros d’ici 2025. « Nous devons former plus, et plus vite », martèle Jean-Marc Dupont. « La menace cyber ne cesse d’évoluer, nos défenses doivent suivre. »
Pour les jeunes qui s’orientent vers ce secteur, l’avenir semble radieux. « La seule limite, c’est leur motivation », sourit Sarah Martinez. « Les opportunités sont infinies. »
Les formations d’excellence en cybersécurité :
- ENSIBS (Vannes) : Cursus d’ingénieur en cyberdéfense
- CyberSup.IA (Paris) : Formation IA et cybersécurité
- EPITA (Paris) : Majeure cybersécurité
- Télécom Paris : Mastère spécialisé
- École 2600 (Paris) : Formation intensive
- CentraleSupélec : Mastère cybersécurité
Les salaires 2024 (débutants) :
- Expert sécurité IA : 48-55k€
- Pentesteur : 42-48k€
- Architecte sécurité : 45-55k€
- Analyste SOC : 40-45k€
