Réforme du financement des CFA : le gouvernement face à un défi majeur

Après des mois de tergiversations, la réforme du financement des centres de formation d’apprentis (CFA) entre dans une phase décisive. La ministre du Travail, Astrid Panosyan-Bouvet, a lancé ce lundi une concertation clé, avec pour objectif de présenter une solution début février et de la mettre en œuvre dès la prochaine rentrée. Cette réforme vise à sortir d’un système inflationniste tout en préservant l’esprit de la loi Pénicaud de 2018, qui garantit le financement de toutes les formations en alternance.

Lors de l’Université d’hiver de la formation professionnelle, le 22 janvier 2025 à Cannes, la ministre du Travail, Astrid Panosyan-Bouvet, a annoncé une réduction des aides à l’embauche des apprentis, arguant de la nécessité d’assurer la pérennité de la politique d’apprentissage. Cette déclaration s’inscrit dans le cadre d’une concertation sur la réforme du financement des centres de formation d’apprentis (CFA), entamée en novembre 2024 et prévue pour se poursuivre jusqu’en février 2025.

Depuis la réforme de 2018, l’apprentissage en France a connu une croissance spectaculaire. Selon le ministère du Travail, 837 000 nouveaux contrats d’apprentissage ont été signés en 2022, marquant une progression de 14 % par rapport à 2021. Cette dynamique s’est poursuivie en 2023, avec un total de 1 021 500 apprentis inscrits au 31 décembre, soit une augmentation de 7,1 % par rapport à l’année précédente. 

Cette expansion a été largement soutenue par des dispositifs incitatifs, notamment l’aide exceptionnelle à l’embauche d’apprentis, qui s’élevait à 6 000 euros par contrat. Toutefois, le coût croissant de ces aides pèse sur les finances publiques. Selon un rapport de l’Inspection générale des affaires sociales (Igas) et de l’Inspection générale des finances (IGF), le montant total des exonérations de cotisations sociales liées à l’apprentissage s’élevait à 1,5 milliard d’euros en 2023. 

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Dans le cadre du projet de loi de finances 2025, présenté en octobre 2024, le gouvernement vise à réduire le déficit public à 5 % du PIB dès 2025, avec un objectif de retour sous les 3 % à l’horizon 2029. Pour ce faire, il prévoit de réaliser 1,2 milliard d’euros d’économies sur les aides à l’embauche d’apprentis, notamment en abaissant le montant de l’aide de 6 000 à 4 500 euros par contrat. 

La ministre a également insisté sur la nécessité d’améliorer la qualité des formations pour réduire les taux de rupture des contrats d’apprentissage et les abandons en cours de formation. Elle a affirmé que l’augmentation des crédits n’est pas toujours la solution idéale, appelant à une évaluation rigoureuse de l’efficacité des politiques publiques.

Alors que le gouvernement cherche à concilier impératifs budgétaires et soutien à l’apprentissage, la question demeure : comment assurer un financement durable des CFA sans compromettre l’accès à la formation pour les jeunes ? Les prochains mois seront décisifs pour définir les contours de cette réforme et son impact sur le paysage de la formation professionnelle en France.

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Jean-Marc Benetti Consultant Analyste